Au travers de son vestiaire présenté ce jour au Louvre, Nicolas Ghesquière imagine une collection inspirée du homewear, mais loin de toute facilité du confort. Les tenues rappellent la douceur d’un intérieur familier tout en affirmant une présence sûre d’elle, prête à affronter la ville. Les matières, tantôt souples, tantôt enveloppantes, dessinent une silhouette qui s’autorise l’ambiguïté. Rien n’est totalement montré, rien n’est vraiment caché. Ce vestiaire s’adresse à celles qui préfèrent la subtilité à l’évidence, qui cultivent l’art de se laisser deviner. C’est dans l’entre-deux, ni tout à fait privée, ni tout à fait publique, que s’invente le nouveau chic Vuitton.

Quand l’intérieur accompagne les pas

Il suffit d’observer la démarche des mannequins, dont Lee Felix, pour saisir ce sentiment de liberté tranquille qui traverse la collection. Les tissus caressent la peau, invitent à ralentir, à respirer autrement. Porter l’une de ces tenues, c’est retrouver la sensation d’un matin sans contrainte, le souvenir d’un intérieur familier que l’on emporte avec soi. Rien ne serre, rien ne pèse ; le vêtement accompagne, il ne déguise pas. À chaque passage, une impression de douceur s’installe, comme si la rue devenait le prolongement naturel du salon. Ce choix du confort n’est pas une concession, mais une affirmation : celle d’un luxe qui privilégie le bien-être, la confiance silencieuse, la fidélité à soi-même.

L’entre-deux comme nouvelle élégance

Ce choix de l’intimité intrigue, surtout venant d’une maison qui a longtemps érigé la signature, le logo, la visibilité en emblème. Pourquoi ce glissement vers une mode plus intériorisée, plus silencieuse ? Peut-être parce que l’ostentation, portée à son comble ces dernières saisons, a fini par perdre de sa force d’attraction. S’habiller pour être vu, pour s’inscrire dans le flux des images, semble soudain moins essentiel qu’éprouver le vêtement pour soi, en faire le prolongement d’un espace intérieur préservé.

Le nouveau syndrome du “nouveau riche”

Vuitton ne renie pas son histoire, mais propose une autre voie. Plutôt que de multiplier les signes extérieurs d’appartenance, la collection préfère explorer ce qui se joue dans la sensation, dans l’expérience individuelle du confort, dans la continuité entre l’espace privé et le monde. Il ne s’agit pas de tourner le dos à la ville, ni de s’effacer, mais d’habiter l’extérieur avec la même exigence qu’un chez-soi. On pourrait parler d’une forme de “post-extériorité”, où le vêtement cesse d’être un costume choisi pour séduire ou impressionner, pour devenir une seconde peau.

Vuitton dessine ainsi les contours de la tendance ”nouveau riche”, moins outrageuse, voire vulgaire, et soucieuse d’attirer l’attention que de préserver un rapport authentique à soi-même.

Contenu médiatique : Demona Lauren
Vidéographie : Ludochriss, DL Team

Vous avez raté Lee Felix la saison dernière, véritable icône des défilés de la Maison Vuitton ? Voici votre cours de rattrapage.

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Posted by:Demona Lauren

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